L’Institut français de l’Éducation se situe à l’interface entre les recherches, l’action et la décision en éducation. Participant au dialogue entre sciences et société, sa mission est de favoriser la circulation des savoirs et l’articulation des pratiques professionnelles avec l’objectif d’accompagner les acteurs dans l’amélioration et la transformation du système éducatif. (d’après le site de l’ifé)

Le Centre Alain Savary est un organisme de recherche et de formation spécialisé dans l’éducation et la formation des enseignants. Il fait partie de l’Institut Français de l’Éducation (IFÉ), qui est lui-même une composante de l’École Normale Supérieure de Lyon (ENS de Lyon).
Dans son livret « Concevoir des formations pour aider les enseignants à faire réussir tous les élèves », il fait une synthèse des réflexions et des outils au service des formateurs. Un chapitre sur « l’hybride » y figure et nous donne des indications sur la scénarisation et la médiatisation des formations hybrides. La suite de cet article est un extrait de ce chapitre.

Quelles sont les conditions d’efficience des modalités de formation hybride : c’est-à-dire les moyens de gagner en efficacité (effets produits sur les formés) et/ou en économie (coût financier, mais surtout temps de travail nécessité) ?

Le choix de la plateforme numérique

La plateforme numérique doit répondre aux besoins de la formation. La démarche suivante permet d’interroger sa pertinence.

  • Élaborer un cahier des charges précis, notamment pour le choix de la « plateforme support », de la formation dans son ensemble.
    • Quels sont les supports ? Le formateur doit vérifier la compatibilité de la plateforme avec les supports choisis (formats vidéo, audio…) et avec l’environnement de travail des enseignants (systèmes d’exploitation, navigateur, débit de connexion…)
    • Quelle est nature de la plateforme ? Elle peut être interactive et/ou collaborative.
    • La plateforme est-elle pérenne ? Le formateur peut envisager un réinvestissement possible à plus long terme. Il doit anticiper la transmission possible à des pairs.
  • Interroger les 3 critères ergonomiques d’un dispositif :
    • Quelle est son utilité ? À quel besoin répond-il ?
    • Est-il utilisable ? Le formateur doit-il s’adosser sur les compétences d’un technicien ? Le dispositif est-il assez simple et familier pour que l’utilisateur ne soit pas en difficulté ? Peut-il s’insérer durablement dans les pratiques de l’utilisateur ?
    • Est-il acceptable ? Pose-t-il un problème légal et d’intégrité déontologique, éthique ?
  • Accompagner :
    • Quel type et quelle charge d’accompagnement le dispositif appelle-t-il ?
    • Le formateur a t-il les ressources nécessaires, par exemple pour administrer, modérer, animer, synthétiser et restituer un travail en forum ?

Le choix des tâches au fil du temps :

Des tâches différentes peuvent être proposées aux enseignants et agencées dans la durée selon les objectifs de la formation. Ainsi, le formateur peut proposer aux enseignants des lectures en ligne qui permettront de faire culture commune. Il peut aussi demander aux formés de remplir des questionnaires sur leurs pratiques, de visionner des vidéos produites dans les classes ou issues d’autres plateformes, de réaliser des travaux pratiques dans l’école/établissement (observations entre pairs, échanges, problématisations), d’écrire des carnets de bord, d’analyser des travaux d’élèves…

Anticiper les passages à risques :

Au-delà du risque inhérent au « déséquilibre » que provoque toute formation, la notion de passage à risque permet aux formateurs d’anticiper des moments clés qui peuvent provoquer repli, rejet, émotion, conflit. Par exemple, l’entrée en formation pose la question de l’enrôlement des formés. La formation tient-elle compte du développement professionnel et des préoccupations des enseignants ? Le risque le plus grand est peut-être que rien ne se passe. La phase de confrontation au réel, que ce soit sous la forme d’une vidéo ou d’un carnet de bord, met les enseignants en situation de se voir, de se connaitre et se reconnaitre, mais pour certains cela peut représenter une grande difficulté. Les mises en discussion peuvent aussi être des moments délicats. Le formateur peut se retrouver face à des jugements ou des conflits d’école qui s’affichent au grand jour. La difficulté est aussi de trouver les moyens d’outiller les échanges pour qu’ils ne s’enferment pas dans des propos stériles.